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Laurence Ponchaut

Article Luxembourg Wort 04/10/21 - Si tous les lobbyistes voulaient se donner la main




Pas de honte à avoir d'être "consultant en affaires publiques". Et c'est pour le faire savoir et améliorer le savoir-faire des professionnels du lobbying que l'asbl Letzpact vient de voir le jour au Luxembourg.


Article de Patrick Jacquemot


Conseiller de l'ombre, visiteur du soir, représentant d'intérêts, en un mot : lobbyiste. Pas plus ou moins qu'ailleurs, ils existent aussi au Grand-Duché. Et pas forcément avec cette odeur de soufre qui plane quand on évoque ces 'influenceurs' d'opinions, de politiciens. «Mais au Luxembourg, la profession n'était pas encore organisée», souffle Laurence Ponchaut qui vient d'être choisie comme première présidente de Letzpact.


Pour l'heure, l'asbl ne compte qu'une dizaine de membres. Autant de figures bien connues qui cherchent à peser sur les choix de société. «C'est un métier de connexion qui ajoute de la valeur ajoutée dans les échanges entre les acteurs du secteur privé ou associatif et les instances publiques ou politiques», démystifie celle qui, au fil de sa carrière, a servi l'image ou les attentes d'employeurs aussi influents que Clearstream, PWC, ArcelorMittal et continue maintenant de le faire pour d'autres.


Pour Laurence Ponchaut, il est temps d'éclaircir l'image de ces «professionnels de l'échange de connaissances». D'où l'idée de créer cette association dont l'un des rôles sera d'initier des formations sur les bonnes pratiques du métier ou organiser diverses tables rondes pour évoquer la meilleure manière de peser sur des décisions sans la moindre entorse avec la légalité. «A l'heure où la classe politique luxembourgeoise s'interroge sur comment les députés doivent tenir leur futur registre des lobbies, l'association a d'autant plus de sens.»


Rappel à l'ordre

Pas tendre Didier Reynders quand il venu, en mars dernier, présenter le 1er rapport européen sur l'Etat de droit. Le commissaire européen à la Justice a clairement sermonné le Luxembourg pour ne toujours pas avoir mis en place son registre des lobbies, une exigence de la Commission européenne pourtant.


Pas question de tenir la plume qui rédigera la future loi (retardée) mais bien d'échanger -s'ils le souhaitent- avec les parlementaires. Des députés qui se posent beaucoup de questions sur la juste limite à adopter pour cette liste de ceux qui voient les élus de la Chambre et pourquoi. «Mais tous au sein de Letzpact nous sommes favorables à cette transparence. Le lobbyiste s'inscrit dans le jeu de la démocratie, pas du secret malsain.»


A deux pas d'ici, Bruxelles est reconnu pour être un nid de lobbyistes. La présence des institutions européennes y contribue. Les groupes, les entreprises, les fondations, les ONG, chacun cherche à avoir l'oreille des députés ou des fonctionnaires en charge des dossiers. Et Luxembourg, avec en plus sa place financière, n'échappe pas à cette même influence. «Sauf qu'ici, nous sommes au pays ''des chemins courts''. Pour voir untel ou untel, ce n'est pas compliqué. Il faut juste aborder les gens en leur disant clairement quelle cause ou intérêts on soutient.»


D'ailleurs, Letzpact a bien profité de l'expérience de sa grande sœur Bepact pour ses premiers pas. «Le Benelux est aussi une zone d'influences communes, mais bon nombre de conseillers en affaires publiques ne connaissent pas forcément bien les rouages décisionnels luxembourgeois quand ils viennent ici. Ce sera à nous de leur servir de relais pour qu'ils agissent au mieux.»


Et l'association est aussi prête à prendre par la main les entreprises étrangères qui voudraient implanter tel ou tel projet au Grand-Duché. Histoire de leur préparer le terrain. L'histoire récente, avec les implantations ratées des usines Knauf ou Fage notamment, a montré qu'un dossier mal bouclé au départ pouvait finir dans le mur...


https://www.wort.lu/fr/luxembourg/si-tous-les-lobbyistes-voulaient-se-donner-la-main-6159e211de135b9236de50c8

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